FÂME
huile sur panneau de bois, 40 x 40 cm, Toulouse, 2024
“He thought her beautiful, believed her impeccably wise; dreamed of her, wrote poems to her, which, ignoring the subject, she corrected in red ink.”
(Virginia Woolf)
La délicatesse, dans les œuvres de Juliane Blasquez, n'est pas seulement une caractéristique esthétique, mais plutôt un moyen par lequel l'artiste explore la force intrinsèque cachée dans une apparente vulnérabilité. Ses créations sont comme des poèmes visuels qui se déploient lentement, révélant des couches de sens qui invitent à une réflexion plus profonde sur la nature humaine.
« Fâme » apparaît comme une œuvre d'art enveloppée dans une puissante symphonie d'expression féminine et de rébellion contre les stéréotypes de genre. Une fusion de délicatesse et de force qui s'inspire des mots écrits par Fia Maureen Kakou, ouvrant la porte à une réflexion approfondie sur la féminité, l'authenticité et la recherche de sa propre voix en tant que femme dans le tissu social.
L'œuvre entière semble enveloppée d'un grand drapé rouge, suggérant une atmosphère de secret, de mystère et de chaleur, contribuant à créer un lien empathique entre l'observateur et le sujet. La couleur dominante, le rouge, couleur du feu, apparaît comme un élément essentiel de l'interprétation globale, un rappel viscéral de la vie, de l'énergie ardente que possèdent les femmes, de la rébellion contre les restrictions sociales. Il devient un symbole d'authenticité et d'expression personnelle, un moyen pour les femmes de célébrer leur corps sans craindre d'être jugées. Cet appel à l'intimité devient une déclaration d'émancipation, en rupture avec les stéréotypes et les conventions sociales.
À travers cette représentation suggestive et intime, l'artiste cherche à explorer la sphère la plus personnelle et la plus privée de l'expérience féminine. Le choix de guider le regard sous les vêtements, vers un sein recouvert d'une lingerie rouge sensuelle, n'est pas simplement un acte de provocation visuelle, mais plutôt une déclaration artistique visant à explorer et à célébrer l'ardeur de la féminité. L'implication du spectateur dans ce moment intime se veut un défi, une invitation à réfléchir à la complexité des émotions qui caractérisent les femmes à ce moment de l'histoire. L'absence de visage dans l'œuvre contribue à amplifier sa signification, la rendant accessible à toutes les femmes, sans limites géographiques ou culturelles. Elle souligne également l'essence commune de l'expérience féminine, en faisant appel à un sentiment d'unité qui va au-delà des différences superficielles. Ce geste artistique représente un pont entre les expériences des femmes du monde entier, suggérant que la beauté et la force des femmes vont bien au-delà des caractéristiques physiques et peuvent être comprises et célébrées collectivement.
« Fâme » incarne un cri de libération féminine qui invite les femmes à explorer les multiples facettes de leur identité, soulignant le refus de s'enfermer dans une tour pour donner une voix et revendiquer cet espace si longtemps refusé.
— Francesca Brunello
art curator